Je sais pas si notre histoire sera très passionnantes du point de vue des humains, ils sont tellement occupés à se faire la guerre qu'ils ne s'occupent pas de ce qui se passe sur les autres continents. Mais bon, moi ça me fait plaisir de raconter, alors voilà.
Je suis née dans un clan de loup, le clan Hati, dans l'immense forêt de Hóddmímir. Je ne suis pas née toute seule d'ailleurs, puisque maman attendait des triplées. Oui, on est arrivées à trois. Trois vraies jumelles. On se ressemble comme trois gouttes d'eau. La première à être sorti, c'était Soweli. La seconde était Sowela. Et moi, je suis la cadette de quelques minutes tout juste.

Notre clan était donc le clan Hati. C'est pour ça que quand on me demande mon nom de famille, c'est celui que je donne. Chaque clan a un nom, mais nous n'avons pas de nom de famille propre à chaque lignée comme chez les humains. En réalité, il faudrait donc m’appeler ''Sowelu, du clan Hati''. Mais bref...

Nous n'avons pas eu une vie particulièrement insolite. Notre clan était spécialisé dans la chasse et le travail du cuir, et nous nous servions du produit de notre chasse pour marchander auprès d'autres clans les matières premières nécessaires à la construction de nos maisons et de nos outils, le sel et les pigments pour le tannage et la teinte du cuir...

Déjà quand nous étions petites, mes sœurs et moi faisions les quatre-cent coups dans le clan. Nous allions enquiquiner les adultes, chapardions des choses pour les cacher et les faire réapparaître comme par magie quelques jours plus tard... Notre jeu préféré était de les faire tourner en bourrique. D'ailleurs, on exploitait totalement notre ressemblance pour rendre fous les adultes en échangeant nos prénoms ou en donnant l'impression d'être partout à la fois.
La chasse était la spécialité de notre mère, là où notre père excellait dans le tannage du cuir. Il faisait les fourrures les plus douces. Il fallait souvent aller loin pour la chasse, la proximité de prédateurs comme nous avait quelque peu vidé les bois autour du village, mais Maman rentrait généralement avec de bonnes prises.

Bref, Lili, Lala et moi, on a eu une enfance tout à fait banale. Bientôt, je chassai aussi bien que Maman. Lili était plus adepte du travail manuel, et elle apprenait à tanner le cuir avec Papa. Et Lala prenait un plaisir tout particulier à cuisiner la viande que nous ramenions, et en s'intéressant aux plantes aromatiques, elle finit par s'intéresser aux plantes en général. Elle commença tôt son apprentissage auprès de la guérisseuse de notre village.

Les choses auraient sans doute suivi leur cours s'il n'y avait pas eu ce loup errant. Rescapé d'un clan ayant perdu son chef, il vadrouillait entre les clans depuis quelques temps, sans jamais s'arrêter nulle part.
Le clan Hati n'était pas bien grand, et notre chef, Uruz, commençait à se faire vieux, cela faisait quelques années qu'il parlait de céder la place à son fils aîné, Kano – qui accessoirement, bavait allègrement sur Lili (et sur Lala et moi quand il nous confondaient avec elle d'ailleurs, mais il avait bien compris que sa préférée était celle qui travaillait le cuir).
Bref, sur ces entre-faits, voilà qu'arrive le fameux loup errant. Il déclara s'appeler Mowu, et la première chose qu'il fit en arrivant fut de défier notre chef. Comme Uruz n'avait pas encore passé le flambeau, il n'eut d'autre choix que de relever le défi.

Ça a été un carnage. Uruz a perdu son combat. Humilié, sérieusement blessé, il a dû laisser la place à Mowu. Kano a bien tenté de faire valoir ses droits, mais Mowu l'a facilement dominé. Je crois que Kano était tout simplement trop furieux pour pouvoir se battre à son plein potentiel...

Bref, les choses ont commencé à mal se passer. Mowu était un chef pitoyable. Il n'avait aucune idée de la manière dont il fallait gérer un clan, et il s'attendait à être servi sans aucune concession par la totalité de ce qu'il appelait ses ''sujets''. Au fil du temps, on en a eu tous rapidement marre... Et on a commencé à déserter au compte-goutte. Le village se vidait de plus en plus, jusqu'à-ce que ce fut notre tour.

A la faveur de la nuit, mes parents, mes sœurs et moi, on a pris nos affaires les plus précieuses et on est partis. Cela dit, nous ne voulions pas être un poids pour les autres clans... Une famille à accueillir comme ça, ce n'est pas anodin. Et même si nous étions capable de pourvoir à nos propres besoins, nous ne voulions pas risquer de représailles de la part de notre nouveau ''chef de clan''.

C'est alors que ma mère a eu l'idée de partir chez les humains. Nous avons marché jusqu'aux côtes de Morphis, puis nous avons monnayé la traversée jusqu'au continent des humains avec quelques unes des plus belles fourrures de Papa. Nous avons accosté sur le territoire de l'empire – à l'époque on le savait pas, mais on a appris depuis – mais on est rapidement remonté au nord, vers l'alliance de Leicester. On a voyagé quelques temps, jusqu'à trouver un village proche d'une forêt touffue. En regardant sur une carte, on a pu déterminer qu'on étaient pas loin de là où il y avait écrit ''Daphnel''.

Mes parents ont décidé de s'installer là. Ils ne sont plus tout jeunes, ils ont besoin d'un peu de stabilité quand-même... Mais Lili, Lala et moi, on étaient comme des folles. On ne connaissait rien au monde des humains, et on s'est mise en tête de tout découvrir. Alors on a commencé à voyager.
Parfois, nous étions toutes les trois ensembles, parfois nous faisions chacune notre chemin... Mais nous nous retrouvions toujours chez nos parents au bout d'un moment.

Nous venions tout juste de nous installer lorsque la guerre a éclaté et qu'il y a eu l'attaque sur le monastère super plus des humains. On a vu pas mal de gens en armure passer dans les temps qui ont suivi... C'est là qu'on a réalisé à quel point les humains étaient fragiles, parce-que c'est pas normal de se couvrir d'acier pour combattre... Bref, on est pas arrivés chez les humains au meilleur moment. Mais bon, maintenant que c'était fait... De ce qu'on en sait, maintenant, les humains chassent les serpents. Apparemment c'est le nom d'un groupe de gens bizarres, mais j'en sais pas vraiment plus... Bref.

Voila où on en est. La suite, je l'écrirais avec vous.

Vous... vous me demandez sérieusement de décrire mon caractère ? Mais c'est genre pas possible de décrire son propre caractère ! J'fais comment moi du coup ? Bah j'ai une solution tiens... Je vais passer la plume à l'auteur de cette fiche. Ce me semble une bonne idée.

*La plume change de main*

On connaît tous quelqu'un qui a pour ultime plaisir de vous faire tourner en bourrique. Qui déblatère des âneries juste pour vous faire rire. Qui fait les yeux doux en étant parfaitement conscient que ça va marcher. Et bien, Sowelu, c'est cette personne.

Une personnalité joyeuse et extravertie, tel pourrait-on décrire la jeune Laguz. Un large sourire étire perpétuellement ses lèvres, et il en faut beaucoup pour lui faire perdre sa bonne humeur. Du genre hyperactive, la demoiselle ne tient pas en place. Elle court, elle saute, elle rit et montre sa joie autant qu'elle le peut. Elle n'est pas avare de paroles, même le contraire : elle parle beaucoup, souvent pour ne rien dire. Il arrive que son esprit fasse des liens incompréhensibles pour les autres, et on se retrouve souvent perdu quand on a le malheur d'entamer une conversation avec elle.

Il faut dire aussi que le décalage culturel y fait sans doute pour beaucoup... Habituée à une vie totalement différente, Sowelu ne comprend pas beaucoup d'usages des humains. Notamment concernant la religion... Si, chez elle, on admet facilement l'existence d'esprits protecteurs ou des ancêtres protégeant leur descendance, l'idée d'une déité unique à laquelle il faudrait vouer un culte paraît vraiment étrange à la jeune demoiselle, et elle a l'impression d'y voir plus une excuse supplémentaire pour se déclarer des guerres...

Son incompréhension des codes de la société humaine et son attitude complètement déjantée pourraient facilement laisser penser qu'elle est complètement stupide... Rien ne saurait être plus faux. Elle est parfaitement consciente de ce qu'elle fait, et elle sait tirer de son interlocuteur la réaction qu'elle en attend. C'est parfaitement à dessein qu'elle vous taquinera, qu'elle vous perturbera, qu'elle vous agacera, mais jamais avec méchanceté cela dit. Elle s'amuse juste à rendre les gens fous par ses tours, mais elle ne fera jamais rien avec une intention réellement malveillante.

Poussée dans ses voyages par une curiosité insatiable, Sowelu n'en est pas moins pourvue d'une forte fibre familiale. Elle a une conscience aiguë de ses racines, et elle retourne voir ses parents aussi souvent que possible. Elle aime profondément ses sœurs, avec lesquelles elle partage une relation très fusionnelle... Comme souvent entre triplés. Cela dit, les triplées Sowe ont su se détacher les unes des autres pour mener chacune la vie qui lui est propre, avec ses aspirations et ses activités de prédilection, et c'est une chose dont Sowelu tire une certaine fierté.

A noter, la demoiselle est particulièrement à l'aise avec les enfants. Les humains ont tendance à spéculer que c'est dû à un genre d'esprit de meute... Ils n'ont pas forcément tors sur ce point, les loups les plus vieux veillant souvent en groupe sur leur progéniture, mais dans le cas de Sowelu, ça va plus loin qu'un simple esprit de meute. Elle adore les enfants, et si elle prend plaisir à les faire eux aussi tourner en bourrique, elle ne pousse jamais le jeu aussi loin qu'avec les adultes et elle sait toujours les rassurer avant qu'ils ne deviennent vraiment tristes.

Le jeu oui. Sowelu est très joueuse, et très enfantine parfois dans sa manière de penser. Elle s'amuse des choses les plus simples, les plus innocentes. Quitte à sacrifier au cliché, elle est du genre à aimer courir après la baballe. Cette capacité à se contenter de choses simples l'aide sans doute à bien s'entendre avec les enfants d'ailleurs...

Tout cela étant dit, il faut tout de même garder à l'esprit que Sowelu est une louve. Un prédateur. Elle n'a pas peur d'en venir aux mains – ou aux griffes – lorsque cela s'avère nécessaire. La violence ne l'effraie pas. Après tout, elle gagne sa vie par la chasse... C'est assez évocateur en la matière. Elle sait se défendre lorsqu'on lui cherche des poux dans la fourrure.

Et oui, elle juge totalement les humains. Et elle aime les vêtements d'hommes.