Une histoire ? Mais quelle histoire peut-elle bien raconter... Il n'y a plus rien, rien du tout. Pas même un visage, une odeur, un souvenir ; effacés, envolés, perdus peut-être, à jamais.

Lucie ne sait pas où elle est née. Elle ne sait pas qui sont ses parents, si elle avait une famille, des amis, des gens à qui manquer.
Elle ne se rappelle que de l'odeur du brûlé. Il y a 10 ans, on l'a trouvée inconsciente dans une grange incendiée, quelque part dans la campagne profonde au Sud de Faerghus. Suite à cet accident dont elle n'a pas non plus le souvenir, Lucie fut secourue et recueillie par des sœurs de l'Eglise de Seiros, dont le petit monastère se situait non loin de là. Sans souvenir de sa vie antérieure, pas même de son prénom, Soeur Bénédicte, la meneuse de ce groupe décida de prendre la jeune femme sous son aile. On lui donna un prénom, Lucie, lux, la lumière, mais surtout, un sens à son existence, une famille de substitution pour laquelle elle était prête à tout.

Les années passèrent et Lucie, se formant à la magie blanche, devint elle aussi une sœur de l'église de Seiros. Enfin pouvait-elle marcher dans les pas de celles qu'elle admirait et appréciait tant. Mais rapidement, la curiosité de la jeune femme prit le pas ; elle voulait découvrir le monde. Lucie voulait voir du pays, découvrir de nouvelles choses, de nouveaux paysages, de nouvelles personnes. Peut-être espérait-elle aussi secrètement être un jour reconnue par quelqu'un. Alors, cinq ans après son arrivée dans le petit monastère où on l'avait recueillie, elle prit la route.

La jeune femme voyagea ainsi de villages en villages, répandant la parole de la déesse et aidant ceux qui, éloignés des grandes villes n'avaient pas toujours accès à des soins. Lucie aimait beaucoup cette vie sur les routes, et s'épanouissait beaucoup. Mais parfois, quand celles qu'elle considérait comme sa famille de cœur venaient à lui manquer, elle retournait quelques mois dans au monastère, afin de se ressourcer.

Mais il y a 3 ans justement, alors que Lucie retrouvait avec beaucoup d'émotions ses sœurs de cœur, la nouvelle tomba : l'empire s'apprêtait à attaquer Garreg Mach. Tous les membres de l'Eglise, où et quels qu'ils soient, étaient appelés en renfort, afin de combattre ou de soigner les blessés.
Lucie avait déjà vu la souffrance, la maladie, le sang, la mort. Mais pas comme ça.

L'Église était tombée, mais plus que l'institution, la jeune femme fut frappée par la violence des affrontements. Marquée par les blessés qui lui arrivaient, ensanglantés, et qu'elle ne pouvait pas tous sauver. Marquée par le choix qu'elle devait parfois faire, entre deux blessés. Marquée par le nombre impressionnant de victimes, même parmi les civils. Des enfants, désormais orphelins, auxquels il fallait expliquer que leurs parents ne reviendraient jamais. Tant de misère, de souffrance, et pour quoi ?
Lucie était en colère contre cette impératrice, qui, dans sa folie politique, avait tout détruit. Mais l'heure n'était pas à la vengeance ; il fallait d’abord soigner et aider les survivants, se trouver un nouveau toit. Lucie serra les dents et retroussa ses manches, rejoignant comme tant d'autres le village des saints, dernier refuge de l'Eglise de Seiros.

Cela fait 3 ans à présent que Lucie vit au village. Les difficultés y sont nombreuses, mais la jeune femme ne se voit pas reprendre la route, alors que petit à petit, les brigands alentours gagnent du terrain. Elle y demeure, aidant du mieux qu'elle peut la petite communauté qui s'est y est créée. Elle espère bien évidemment, qu'un jour la paix finisse par regagner Fodlan. Mais plus le temps passe, plus la jeune femme se demande si cela sera un jour possible, sans qu'un nouveau bain de sang n'ait lieu. Car tant que l’Empire et ses ambitions de domination resteront debout, la paix durable lui semble désormais impossible.

On ne sait au fond que peu de choses de Lucie. Peu bavarde, préférant largement écouter et observer que de participer aux discussions, la sœur guérisseuse est surtout connue pour son calme imperturbable et son sang-froid. Jamais énervée, jamais contrariée, elle arbore en toute circonstance ce petit sourire dont elle a le secret. Des mots réconfortants, des paroles toujours bienveillantes. La gentillesse incarnée. Mais dans ses moments d’égarement, elle est perdue dans ses pensées, le regard empli de mélancolie. La Lucie qui en toute circonstance sourit, la chétive Lucie qui, malgré les épreuves, malgré les doutes, se tient toujours debout. Petit mètre soixante deux, capable de supporter sur ses frêles épaules le poids du malheur des autres, guérisseuse des corps comme des âmes. Une oreille bienveillante à qui tout confier, dont les lèvres seront quoiqu’il arrive toujours scellées.

Mais qui est là pour l’écouter, elle ?

Tapie dans l’ombre de son altruisme et de son silence, la rancune. Un goût amer qui ne passe pas, malgré toute la bonté de son cœur. Un pardon trop difficile à accorder. L’incompréhension et la sidération face aux agissements d’un Empire qui, dans sa volonté de détruire l’Eglise, a surtout emporté trop d'existences. Des blessures encore ouvertes, que Lucie essaie de ne pas faire paraître, parce que ce n’est pas à elle d’être soignée ; elle se doit de rester calme et imperturbable, être le roc capable de supporter la tristesse et les blessures du monde entier, s’il le faut. Pas le choix, car sinon, qui le fera ?

Lucie rêve de jours meilleurs, plus faciles au moins. Elle aimerait bien avoir du temps à elle, parfois. Parce que doucement, elle voit les marques du temps se dessiner sur son visage. Elle aimerait donner des réponses à des questions laissées longtemps en suspens, qui lui brûlent les lèvres. Qui est-elle vraiment ? Pourquoi ne se souvient-elle de rien ? Que ce sont ces cicatrices et brûlures qui, depuis 10 ans, hante ses cauchemars ?

Peut-être même a-t-elle quelqu’un qui, quelque part, attend désespérément son retour ?

Calme • Appliquée • Silencieuse • Mélancolique • Effacée • Empathique • Curieuse • Bienveillante • Altruiste • Pessimiste, mais évite de le faire paraître • Déterminée • Observatrice •  Excellente confidente • Plus résiliente qu'elle n'y paraît • Maternelle • A tendance à s’oublier • Rancunière • Loyale • Très pudique • Profonde rancœur envers l’Empire qu’elle essaie tant bien que mal d’étouffer • Questionnements sur son identité de plus en plus envahissants