Confrontation d'autrefois

Qu'en étaient-ils de leurs idéaux passés? Sûrement comme la brume qui se forme lorsqu'on respire dans ces chères contrées froides du Saint-Royaume, sitôt ils apparaissent aussitôt ils disparaissent. Aujourd'hui la confiance est devenue un jouet, qu'on agite tel un hochet devant un bébé, elle n'est là que pour distraire, on peine à croire que cette guerre finira un jour. Seliph tel un pion sur l'éternel échiquier du destin, se lève une nouvelle fois, espérant que ces actions du jour auront un quelconque impact même minime sur les événements en cours, un regard dans le miroir le fait soupirer, il ne ressemble plus au petit garçon d'autrefois, il se souvient avoir été parfois fébrile, hésitant, doué pour la magie certes, mais pas vraiment pour tuer. On grandit très vite pendant la guerre, elle ne nous laisse pas le choix, on subit les jours qui défilent, on se retrouve bousculer par les cris, les impacts des armes deviennent des bruits habituels, on ne réfléchit pas vraiment, on avance, toujours on avance, on se prend un coup, on se relève, on tue sans se poser de questions, on soigne nos alliés pour qui y retournent, un cercle vicieux qui ne s'achève jamais vraiment. "La vie est une perpétuelle guerre, et l'entre-guerre n'est qu'une préparation de celle qui vient à venir". Seliph commençait à croire à cet adage stupide.

Le vent froid balaye ses cheveux quelques peu ondulés, la pluie y est sûrement pour quelque chose, il regarda une dernière fois la missive reçue avec une certaine appréhension, il grimace, un goût amer envahit alors sa gorge,  il émet un sourire de façade avant de se mettre en route, pourquoi l'avait-on convié à se joindre à cet homme? Pour l'étriper sûrement? Non même s'il ne le portait pas dans son cœur, il faisait partit des siens, mais on ne peut pas dire que le jeune magicien soit son plus fidèle allié. En même temps, comment faire confiance à un loup banni de sa meute? Il erre en solitaire, même sur les champs de bataille, ravagé par une colère, il abat ses lames tranchantes dans un tourbillon éphémère, quand l'effet prend fin, ses ennemis tombent les uns après les autres. Seliph n'a jamais vraiment pu admirer cette prouesse, mais les rumeurs vont bon train au sein de l'armée faerghusienne.

Il marche vers son lieu de rendez-vous, lentement malgré lui, il peine à concevoir la façon dont ils vont devoir faire cause commune pour cette mission,
il faut dire que le passé joue contre eux, mais tout ceci était peut-être déjà loin? Le froid saisissait le lanceur d'arcanes de magie, il y était pourtant habitué, l'incertitude le gagnait...
Il passe près d'un lac gelé, en prenant soin de rester sur ces bordures et de le longer, mais il ne peut s'empêcher de regarder le reflet déformé qui se forme dans la glace, un miroir qui ne le reflète que partiellement, par morceaux, il ne se reconnaît qu'à peine. Il reste planté là, sans vraiment savoir pourquoi, le temps passe et c'est une nouvelle brise gelée qui le ôte de sa torpeur, désormais il se souvient de ce paysage, autrefois...
Il se refuse à penser au passé, se tient la tête pour contenir la douleur d'une mémoire qui ressurgit, il serre les dents, hurle un bon coup, avant de reprendre la route apeuré par un passé nébuleux. C'était un passé révolu, à l'heure de l'innocence et des rêves, tout ce que Seliph avait décideé d'enterrer le jour où il a commençait cette guerre, voir même le jour où il a enterré sa mère.

Pour autant le passé le rattrape, on n'échappe jamais vraiment à son destin, Seliph se mit à courir mais à terme il s'épuisa, il y avait eu une époque où son prince était encore là, le guidant, lui inspirant un futur grandiose, c'était sa lumière, un prince blond vénitien qui ressemblait à la défunte mère de Seliph, un prince qui lui avait offert une nouvelle famille au sein de l'Académie. Il n'avait qu'une seule crainte à l'heure actuelle, que Felix n'est eu raison, qu'il se glorifie d'avoir prédit l'avenir, son prince avait été condamné à mourir, un rescapé d'atrocité avait-il subi la hache du bourreau? C'était un cauchemar, dont les croassements de corbeaux marquaient comme un tourment cette épisode, il y en avait des tonnes de ces corvidés le jour présumé de sa mort, on comprend donc aisément pourquoi Seliph éprouve un sentiment de nostalgie assez éprouvant à revivre...

Un moment de nostalgie, un bribe de souvenir, comme un rêve éveillé, comme si des fantômes du passé ressurgissaient devant ses yeux, tout se remodélisait devant ses yeux, quittant ainsi la plaine enneigée le temps d'un instant, une vision de ce qui avait été ressurgit à ses yeux, le jour de l'innocence....
"Prince phacochère..." ; oui c'était ça, c'est comme ça qu'il l'appelait et sûrement comme ça que tout avait commencé,
en se regardant Seliph quitta son veston de l'armée pour l'uniforme de Garreg Mach, toujours aussi serré, certaines choses ne changeaient donc pas.
Dans ses mains, il retrouvait son premier manuel de magie, maintenant il s'en souvenait, la première vraie discussion avec Felix, si on pouvait appelé ça une discussion bien entendu.

Seliph ne se rappelait plus la raison exacte, était-ce pour la bataille de l'Aigle et du Lion ou pour une mission importante que ses camardes s'étaient tous réunis autour de Dimitri, le soutenant dans son discours de leader, il était tel un véritable meneur qui consolidait l'esprit d'équipe des Lions de Saphirs de l'époque. Les lions étaient tous plus ou moins solidaire de ses propos, mais Felix lui ne pouvait concevoir une telle hystérie. Fort de ses propos envers le prince héritier, le tacticien de l'époque s'était résolu à s'entretenir avec le Fraldarius, l'électron libre du groupe.

Arpentant les couloirs, puis les pavés extérieurs Seliph se rendit dans le seul endroit où Felix extérioriser sa colère : le terrain d'entrainement.
En y pénétrant, il avait un regard de braise, constatant que son camarade ne faisait que frapper comme un idiot un mannequin pour passer ses nerfs, le problème de Felix selon lui c'était qu'il ne parlait jamais, se contentant de râler ou prohiber tout ce qui viendrait du prince, l'insultant à loisir d'un air froid et implacable. Seliph n'était guère un bon duelliste, à l'instar de Félix qui maitrisait plutôt bien l'épée pour son âge, résoudre par un conflit par les armes n'étaient peut-être pas à son avantage, surtout que cela ne rythmerait pas à grand chose, pour autant il n'a jamais reculé pour démontrer son patriotisme, qu'en était-il du type qu'il avait en face de lui : un futur traître?

-"Dis-moi, est-ce que tu imagines le prince quand tu frappes sur ce mannequin?" dit-il un peu suspicieux.

En bon stratège, Seliph essayait d'abord de comprendre son camarade, mais il doutait de plus en plus de son allégeance, pour autant il le
voyait mal trahir sa maison. Mais il restait toujours à l'écart, pas facile donc savoir ce qu'il pense. Mais il avait foi en son camarade, il avait un mauvais caractère mais il était persuadé qu'il avait un bon fond, quelque part enfoui, très très très très très très profond.

-"Nous allons bientôt devoir nous unir pour une bataille commune, j'espère que tu ne vas pas encore faire cavalier seul,
nous avons des difficultés à te soigner si tu sors de nos rayons d'actions. Tu es un bon épéiste, mais tu n'es pas invincible"
Seliph tentait de se montrer diplomate, même s'il avait du mal à cacher son agacement envers Felix.

Codage par Libella sur Graphiorum

Confrontation d'autrefois

Irrécupérable. Seliph avait abandonné depuis longtemps l'idée de sauver Félix de sa rancœur, si même ses amis d'enfance n'avaient pas réussi, quel chance avait-il lui? Il s'était dit qu'en tant qu'individu plutôt neutre, il avait ses chances mais son allégeance envers le prince le rendait sûrement complice de tout ce que pouvait ressentir le loup solitaire. Aujourd'hui encore, la conversation tourne vite à l'aboiement, et Seliph n'abandonne pourtant pas ses talents de diplomate avec l'électron libre, il ne prétend pas toujours le comprendre même s'il tente toujours de désamorcer une situation ou dans ce cas trouver un compromis, mais  à l'égard de Dimitri le jeune tacticien n'a pas l'intention de reculer face à la provocation à peine voilée du Fraldarius, après tout, son sang tout entier est dévoué à la cause du Nord, et plus principalement à l'héritier.

-Tu connais déjà la réponse, je n'ai jamais masqué mes intentions. Ma famille a toujours été proche de la famille Blaiddyd. Mais je ne suis pas cet abruti de bout de bois, incapable d'émettre la moindre stratégie et qui reste là sans broncher face à tes coups stupides.

Seliph n'était pas connu pour être quelqu'un de fort, loin de là,  Felix, Dedue, Dimitri, Ingrid étaient sûrement plus appropriés pour cet adjectif mélioratif, Sylvain peut-être aussi à la rigueur, non en fait non, lui c'est un autre terme qui lui conviendrait bien mieux: coureur de jupons . Le jeune tacticien, de son côté,  se rangeait plutôt du côté des malins ou des intellectuels, suivant avec admiration les conseils de ses professeurs tacticiens, c'était quelqu'un de cérébral, toujours entrain de réfléchir avant d'agir, peu enclin à laisser la colère s'emparer de sa raison, et fidèlement convaincu que la victoire d'une armée est est due et demeure à la façon qu'elle s'organise, au moral des troupes, et aux éléments de surprises. Une œuvre triptyque de l'art de la guerre relate ces trois incontournables, qui depuis des temps immémoriaux, fait remporter les batailles et les guerres.

Seliph reconnaissait néanmoins la force de Félix, son style solitaire était singulier mais le professeur s'accordait à parfaire une stratégie même avec cette singularité dans leur composition, c'était vraiment magique d'apprendre à ses côtés. Il concevait mal ce manque de cohésion et d'esprit d'équipe, mais il ne dénigrait pas Félix pour autant, il était un de ses camarades du Saint-Royaume, ce simple fait valait la peine pour Seliph de faire des efforts pour l'intégrer et passer outre son comportement, son humeur ou même ses piques. Felix faisait partit des siens, et il essayerait toujours qu'il rejoigne la meute si on puit dire. Alors s'il refuse, et c'est son choix, le jeune tacticien ne l'abandonnait pas à son sort.

-"Très bien, (*soupir*) nous veillerons à te mettre des potions et des breuvages supplémentaires pour compenser, dans ce cas. Tu sais, je ne prétends pas connaître la raison de ta rancune, et c'est toi que ça regarde, mais tout le monde n'est pas le prince, tu devrais peut-être garder ça à l'esprit.

Oui, déjà à cet époque Seliph tu marquais ton patriotisme et ta loyauté envers tes camarades, toujours à penser à leur santé, à l'état de leurs armes, et leur moral, à leur avenir. Tout en restant à ta place,
tu voulais 'servir au mieux' , et disons que Félix représentait en ce temps-là ta plus grande épreuve.

Codage par Libella sur Graphiorum