Shamir Nevrand naquit en Dagda, un continent séparé de Fódlan par un océan. Elle ne faisait pas partie de la noblesse du pays mais n'était pas non plus la plus à plaindre. Vivant plutôt éloignée des grandes villes, sa famille pouvait ainsi vivre en relative autonomie. Si ses parents devaient travailler pour le compte du seigneur local, ils pouvaient toutefois disposer de temps libres et de grands espaces ouverts proches à apprécier et explorer. La jeune fille qu'elle était à l'époque se familiarisa avec la flore locale mais aussi plus particulièrement la faune. Une partie importante de leur régime reposait sur la chasse, qui lui fut enseignée assez tôt par ses parents. Elle apprit alors à dissimuler sa présence, manier un arc, faire preuve de précision et surtout de patience.

Ce fut grâce à ces capacités enseignées par ses parents qu'elle devint mercenaire alors qu'elle n'était encore qu'une jeune femme. Elle entendait initialement n'être qu'une simple mercenaire de campagne, récupérer une maigre pitance tout en vivant relativement tranquillement. Toutefois, elle fut confrontée à une barrière assez importante. Pour une mercenaire seule, les opportunités étaient assez limitées. Elle rejoignit une petite troupe qui lui laisserait son autonomie tout en lui permettant de travailler. Elle ne pouvait rester entièrement seule, cette troupe fonctionnait en duo. Après tout, personne n'avait un angle de vision de 360° et un coéquipier permettait de ne pas avoir à se soucier de ses arrières. Shamir s'accommoda rapidement à cette compagnie permanente, son partenaire était rationnel et savait faire preuve d'un humour qui ne lui déplaisait pas. Il pouvait parfois se montrer assez autoritaire mais ses directives étaient toujours pertinentes, ce qui les rendait bien plus supportables... voire agréables à suivre.

Sans même qu'elle ne le remarque, son "partenaire" devint un "camarade". Elle découvrait progressivement d'autres de ses qualités après les multiples repas autour des feux de camp et des nuits passées à essayer de s'endormir qui dérivaient en discussions philosophiques ou observations astronomiques. Shamir n'était jamais totalement sortie de son cercle familial avant cela, l'amitié avait rarement été dissociable de la famille. Quand bien même elle avait déjà rencontré d'autres enfants lorsqu'elle en était encore une, leurs parents respectifs n'étaient jamais de réels inconnus. C'était la première fois qu'elle était aussi proche de quelqu'un qui n'était au départ qu'un total inconnu.

Etait-il un ami ? Ou... Autre chose. Shamir n'avait jamais été la plus honnête à propos de ses propres sentiments, que ce soit envers les autres ou envers elle-même. Pourtant, cette fois c'était différent. Ce n'était pas de l'embarras qui l'empêchait de l'exprimer... Elle ne le savait elle-même pas. Il s'agissait d'une expérience tout à fait nouvelle. Chaque jour, elle se rapprochait de la compréhension de ce qu'elle ressentait réellement jusqu'à ce qu'elle réalise enfin. Toutefois, la fin de son ignorance ne signifiait pas qu'elle allait soudainement les exprimer explicitement. Elle n'était pas ce genre de personne après tout. Les choses se feraient sûrement d'elles-mêmes, progressivement.

Ou du moins, c'est ce qu'elle pensait. Un évènement chamboula toute sa vie. L'Empire Adrestien déclara la guerre à Dagda. Sa modeste troupe de mercenaires se vit mobiliser pour défendre les territoires ruraux. Alors qu'elle était partie en reconnaissance avec son partenaire, ils se trouvèrent pris dans une embuscade. Ils pensaient n'avoir émis aucun son ou signal visuel, pourtant... Ils se retrouvèrent soudain entourés de soldats ennemis. Leur troupe avait des modèles et des directives précises. Dans une telle situation, il était impossible de survivre. Du moins... impossible pour l'ensemble des belligérants. Shamir et son partenaire devaient se séparer, dans l'espoir que l'un d'entre eux puisse survivre. Ou devaient-ils rester ensemble ? Devait-elle lâcher tout ce qu'elle avait gardé pour elle jusque là et accepter ses derniers moments. Non, elle n'en avait pas le droit. Il devait survivre, sa seule chance était que Shamir n'attire l'attention des embusqués et crée une ouverture.

La spécialité de la jeune mercenaire était la furtivité, ça avait toujours été le cas... Nul ne peut aller à l'encontre de sa nature et espérer exceller. Elle ne pensait pas avoir besoin d'exceller, attirer l'attention pendant qu'il prenait la fuite devait être suffisant. Toutefois, leurs manières de penser avaient toujours été similaires. Elle était meilleure éclaireuse, meilleure archère et plus discrète. Il avait toujours été plus charismatique, capable d'attirer l'attention lorsqu'il le souhaitait. Tous les regards se tournèrent vers lui alors qu'il entama une charge suicidaire. Une ouverture naturelle apparut devant Shamir. Son corps entraîné réagit seul, elle avait été formée à ne jamais refuser une opportunité. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, ses jambes la poussèrent vers cette porte de sortie, en dehors de l'embuscade. Alors qu'elle reprit le contrôle de ses instincts et tenta de retourner dans l'embuscade pour l'aider, des cris stridents atteignirent ses oreilles. Son cœur ne put le croire, mais son instinct et sa raison comprirent immédiatement. Elle tomba sur ses genoux, au milieu d'un buisson, et s'écroula. Elle se boucha les oreilles, et sa vision se troubla. Elle ne pleurait que très rarement, mais les larmes coulaient le long de ses joues.

Alors même qu'elle avait totalement cessé de réfléchir, de tenter de survivre... son corps agissait seul. Ses pleurs étaient silencieux, son corps était immobile au milieu des feuilles et des branches. Elle ne sut jamais combien de temps elle était restée là, mais elle ne fut jamais découverte. Elle ne se releva que lorsque son organisme la supplia de s'abreuver. Elle le fit machinalement avant de retourner sur le lieu de l'embuscade, découvrant le cadavre froid de son partenaire. Elle l'enlaça et pleura de nouveau. Elle ne pouvait le laisser pourrir à la vue des corbeaux. Shamir creusa un trou et effectua les rituels nécessaires pour bénir son corps. Elle sculpta une petite figure en bois pour marquer l'emplacement de sa sépulture.

Elle ne quitta pas les lieux pendant plusieurs jours, chassant pour se nourrir et gardant sa tombe. Alors qu'une autre escouade impériale traversait la forêt, elle entendit quelques-unes de leurs paroles. Elle ne comprenait pas totalement leur langage mais reconnut le nom de son village natal, à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Elle se figea sur place. La jeune femme à la crinière améthyste rendit ses hommages à la tombe de son partenaire une dernière fois et rejoignit sa famille aussi vite qu'elle le put.

Elle ne fut pas surprise alors qu'elle avançait pas à pas vers son ancienne maison, elle le voyait d'ici. Les murs s'étaient écroulés. La place était recouverte de cendres. Son regard resta vide, elle ne ressentait pas moins de tristesse à la mort de sa famille qu'à celle de son partenaire. Mais cette tristesse infinie s'ajoutait à un tourment déjà incommensurable. Elle s'attela à creuser des tombes pour chacun des habitants. De la magie avait été utilisée, tous les corps n'étaient pas reconnaissables mais ils méritaient au moins une tombe anonyme, un lieu de recueil collectif.

Shamir n'avait plus rien à faire ici, plus de raison d'être. Elle aurait pu rejoindre sa précédente troupe, leur annoncer le décès de son partenaire. Mais elle ne le fit pas. Elle vogua sans direction précise sur les mers de cendre laissées derrière l'armée impériale. Elle ne souhaitait aucun lien, elle voulait rester seule. Les terres ravagées avaient besoin d'aide et étaient capables de donner le peu de richesses restantes. Elle ne voulait pas s'attarder en Dagda, elle souhaitait tout oublier. Une fois qu'elle récolta l'argent nécessaire, elle quitta rapidement ce continent, laissant derrière elle tous ces mauvais souvenirs pour découvrir le continent ayant apporté la destruction chez elle. Il lui avait tout pris. Sa vie consistait ensuite à intervenir dans des guerres entre seigneurs de Fódlan, formant et dirigeant des troupes d'archers en échange d'autant de pièces qu'elle le pouvait. Parfois, elle accompagnait simplement des caravanes de marchandises d'un point à un autre, assurant la protection des marchands et de leurs biens pendant le trajet.

Lors de l'une de ces escortes, elle fut touchée par une flèche empoisonnée d'un bandit. S'il s'agissait d'un simple criminel, le poison dont la pointe ayant transpercé sa peau était enduite était lui loin d'être normal. Malgré les efforts de plusieurs guérisseurs sur le chemin, aucun n'avait réussi à extraire la substance nocive de son organisme. Du moins, ce fut le cas jusqu'à ce qu'elle s'arrête au Monastère de Garreg Mach. Shamir n'appréciait que rarement visiter les édifices religieux, surtout ceux aussi importants, puisque la religiosité des populations était souvent proportionnelle à leur intolérance. Toutefois, elle rencontra Rhéa grâce à cet arrêt. Cette dernière réussit ce que tous les guérisseurs précédents échouèrent à accomplir et parvint à la guérir de ce poison. Était-ce grâce à l'aide de sa prétendue Déesse ou grâce à une expertise dans le domaine de la magie blanche ? La seconde option paraissait bien plus plausible...

Ce fut à partir de cet évènement que Shamir jura fidélité à Rhéa jusqu'à ce qu'elle puisse rembourser sa dette. Sa dette étant sa vie elle-même, elle ne serait pas aisément remboursée. L'ancienne mercenaire devint alors membre des Chevaliers de Seiros malgré son absence de croyance en leurs valeurs et enseignements. Elle ne se voyait que comme une membre temporaire, l'ancienne mercenaire ne souhaitait créer aucun lien ici. Malgré ses efforts pour tout oublier, elle ne savait que trop bien en quoi la création de liens finissait par résulter. Pourtant, elle ne put s'empêcher de s'attacher à certains individus au Monastère, nonobstant tous ses efforts inconscients pour les repousser. Elle finit par s'habituer à cette nouvelle vie, ne voyant même pas le temps passer jusqu'à ce qu'un changement brutal ne bouleverse cette situation jusque là confortable : L'accession au trône d'Edelgard, sa rébellion face à l'Église et la mort de Rhéa. L'Empire qui avait ravagé et détruit sa terre natale venait une fois de plus l'extirper de sa tranquillité quotidienne. Sans réellement en connaître la raison, du moins pas explicitement, Shamir décida de rester aux côtés de ses anciens camarades. Venger Rhéa serait-il le moyen de finalement rembourser sa dette ?

Calme - Tempérée - Froide - Sérieuse - Directe - Introvertie - Loyale - Matérialiste - Cupide

Shamir fait rarement bonne impression lorsqu'elle rencontre une autre personne pour la première fois. Pour autant, ce n'est pas bien dramatique puisque la réciproque est elle aussi vraie. L'ancienne mercenaire n'est pas spécialement dérangée par la solitude et de ce fait ne recherche pas la création de nouveaux liens sociaux, allant même jusqu'à les éviter. Son apparence froide est aussi soutenue par son manque de réaction face aux tentatives d'humour de ses interlocuteurs. Pourtant, elle n'est pas dénuée d'humour mais est plutôt une pince-sans-rire. Elle peut parfois perdre le contrôle de sa propre façade et, si prise par surprise, quelqu'un pourrait devenir l'une des rares personnes à avoir entendu un rire sincère de sa part.

Les discussions avec Shamir se déroulent souvent en l'espace de quelques secondes seulement, lorsqu'elle n'a pas dissimulé sa présence pour éviter la discussion dès le départ. Elle s'exprime toujours de manière claire et concise, n'hésitant pas même à couper ses interlocuteurs si elle considère qu'ils dépassent leur temps de parole. Ses interruptions sont souvent accompagnées d'une subtil pique sarcastique. Ces sarcasmes sont d'autant plus durs à déceler en ce qu'ils ne sont pas bien différents de son honnêteté et de son manque de tact habituel, dans la forme comme dans le fond.

Tout cela ne l'empêche pas de potentiellement s'ouvrir progressivement aux autres, tant qu'ils disposent d'assez de patience pour laisser le temps faire son œuvre. Si ces liens sont difficiles à créer, ils sont alors encore plus difficiles à couper. Shamir est très loyale et protectrice envers ceux qu'elles considèrent comme ses amis... ou "camarades" comme elle préférerait sûrement le dire afin de moins se sentir gênée. L'ensemble de ses comportements sociaux sont après tout modelés par ses souvenirs de la souffrance causée lors de la destruction de tels liens. Si elle peut éviter leur création, elle le fera. La plupart du temps, cela se fait de manière inconsciente par sa façade froide et son ton souvent cynique. Si elle ne le peut les éviter, alors elle fera tout pour les protéger et éviter de revivre la même chose.

Malgré sa tempérance dans presque tous les domaines, une chose en particulier semble capable de mobiliser son côté passionné : l'argent. Ce gain peut passer par son travail mais aussi par les divers jeux d'argents auxquels elle s'adonne pendant son temps libre. L'accumulation d'argent avait été un moyen pour elle de concentrer son esprit sur autre chose que sa douleur, de se fonder un objectif qui lui permettait d'avancer.

Si elle apparaît, surtout pendant les combats, comme une femme confiante et déterminée, elle n'est pourtant pas démunie de doutes et d'incertitudes. Elle n'est jamais totalement certaine de ses émotions, de ses motivations et de ses objectifs à long terme.